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L'amour et la Vision Sans Tête par Gérard Nannini

Je vois au moins deux aspects de l'amour que nous prodiguons autour de nous :

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- Il y a l’amour “je t’aime si...." même si ce "si" que nous rajoutons souvent à l'amour que nous donnons, nous en sommes inconscients ! Cet amour est déjà certes un espace de tolérance.Il n’en reste cependant pas moins limité à des besoins fondamentaux non avoués, les plus cachés en nous, de pouvoir ou de reconnaissance par exemple....ou autre. C'est l'amour qui relie deux "individus" : 1+1=2 et il y a nécessairement confrontation même si elle n'apparaît pas évidente.


-Et il y a l'amour sans condition qui accueille tout sans aucune discrimination, sans concession ni compromission , comme par exemple celui que nous portons parfois à nos propres enfants ou à un être cher. Cet Amour est un espace de tolérance absolue, dépouillé de toute mémoire, de toute attente, de toute anticipation et de tout jugement. c'est "l'amour-communion": 0+1=1 entre l'ÊTRE (le 0) et "ses choses" (le 1) qui ne font qu'un.


Lequel mérite véritablement que nous l'appelions amour ? Celui qui ménage nos besoins fondamentaux avec ceux de l'autre (ce qui n'est déjà pas mal du tout!) ou celui où nous disparaissons véritablement pour l'autre.

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Si nous parlons du véritable amour, l'inconditionnel, cet amour a un rapport certain avec l’ouverture de l'éveil à notre véritable nature. Cet amour se cultive sur le terreau de l'ÊTRE.

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Aimer (vraiment) c'est être (sans attribut) et être c'est aimer. Les deux, aimer et être, impliquent une ouverture totale à "l'autre". Cette qualité d'ouverture implique que "je" disparaisse POUR que "l'autre" puisse occuper tout l'Espace. La pratique quotidienne de la Vision Sans Tête, transmise par D.Harding, m'amène à penser que la seule façon d'aimer vraiment est de disparaître pour l'autre, mais SANS LE VOULOIR, pour ne pas tomber dans le piège du premier aspect "je t'aime ...si".


Cette condition est remplie automatiquement dès lors que je VOIS "CE que je suis vraiment", par dessus mes épaules!


L'amour jaillit alors spontanément SANS QUE L'ON Y PENSE, ET SANS GLOIRE surtout, quand nous sommes simplement CE que nous sommes, GRANDS OUVERTS à tout ce qui arrive, sans "personne" interposée. À l'écoute totale de l'autre. L'AMOUR n'est pas autre chose à mon sens que cette OUVERTURE instantanée bienveillante ou cette PRÉSENCE ESSENTIELLE non personnifiée.


L'éveil n'est pour moi que la prise de conscience que cet Espace d'Amour tel que je le découvre au coeur de moi même, est ma véritable nature, quel que soit 'l'état amoureux' de 'gérard', souvent misérable, mesquin, ou mercantile (je te donne si tu me donnes!) , et à l'opposé de CE que je suis vraiment.

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Nous sommes cet Amour, et tout ce que nous pouvons faire pour qu'il puisse s'exercer dans nos vies c'est offrir aux autres et à soi même cet Espace infini d'accueil et de changement pour tout, sans condition en contre partie.


J'ai compris et accepté que pour que cet Amour puisse se produire, il n'était pas nécessaire d'être un saint, un savant, un philosophe ou un grand sage mais qu'il suffisait de voir sa propre "absence de tête", et de laisser persister ce regard.


La véritable relation d'amour n'a jamais été et ne sera jamais le "face à face" même le plus intime entre deux individus, mais le "FACE À ESPACE" entre un individu d'un côté, et de l'autre, "l'Espace" impersonnel qui le reçoit en son sein sans contrainte, en même temps que toutes les autres choses présentes à cet instant (‘moi’ y compris !) .

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L'amour est donc toujours présent en nous, seulement, nous n'en sommes vraiment conscients que dans ces instants d'éveil à notre vraie nature. La qualité de notre communication avec "l'autre ou le monde" va dépendre de "CE" à partir de quoi nous les regardons. Le mode "face à face" est une confrontation (même au meilleur!), le mode "face à Espace"une communion (même au pire!).


Ce qui fera la différence entre ces deux façons d'aimer c'est que dans le mode "face à Espace" 'nous' DISPARAISSONS VRAIMENT POUR L'AUTRE: L'autre est ainsi accueilli tel qu'il est, que 'nous aimions' cela ou pas, sans que n'intervienne la moindre attente ou le moindre jugement.

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L'amour sans condition est un état d'attention totale à l'autre dans lequel le "moi" est absent.


Cet "ABANDON DE soi" n'est pas voulu.Pour ma part c'est quelque chose d'instantané que je sens physiquement quand je vois mon "absence de tête". C'est un instant de tolérance absolue. "je" disparais et l'autre occupe l'Espace que "JE" suis. En fait je dirais plutôt qu'entre l'instant où le "je" disparaît et celui où le "JE" accueille tout sans distinction, ce "je" change de nature. De personnel et séparé, il devient universel et Un avec le tout. Le corps que j'ai est alors totalement immergé avec toutes les autres choses vivantes ou inanimées, dans la clarté, le silence et l'énergie d'une Présence Essentielle et anonyme. Rien ne disparaît et si tout est différent en apparence, tout est identique en réalité.

Cet état d'attention totale ne dure que l'éclair d'un éveil à notre véritable nature, mais à cet instant précis il précède toutes mes intentions. C'est une PERCEPTION non intellectuelle de ce qui est tel que cela est et avant tout commentaire. Uniquement dans l'instant présent, cet état d'attention totale que j'assimile au concept "d'amour inconditionnel" échappe à mes croyances, même les plus cachées, car il est hors du temps et de ma mémoire !


Mais comment savoir qu'il échappe à mes croyances les plus invisibles... puisque justement celles ci sont transparentes à ma conscience ? 

Par la physiologie que cet état implique et le ressenti:


L'énergie suit toujours la pensée, c'est une loi universelle. Quand on ressent une émotion, c'est qu'il y a une pensée (consciente ou pas) qui s'est produite en amont ou qui a été réactivée dans notre mémoire. Dans cet état d'attention particulière il n'y a ni production de pensée ni mémoire; et c'est un silence intérieur que je peux entendre, une tranquillité d'esprit et une détente physique que je peux sentir en moi. La disponibilité complète qu'ils libèrent en nous se voit. Et Il en reste toujours un sentiment de plénitude, un intense sentiment d'unité avec tout.
C'est un vrai lâcher prise qui permet à la compassion de s'exercer.


Cette "énergie" est foncièrement SILENCIEUSE, et il n'y a alors que ce qui est perçu, tel que cela arrive SANS COMMENTAIRE PARASITANT.


L'amour sans condition dont je parle s'accompagne de ce silence "mental". Le MOINDRE BRUIT qui vient le rompre, du genre <c'est pour ton bien que je fais cela......> ou encore <l'amour que je porte à mes enfants est inconditionnel> et en général TOUT AUTRE "À PROPOS" , quel qu'il soit, sur ce que je suis en train de vivre, c'est mon "mental" qui revient au galop et qui POSE DÉJÀ SES CONDITIONS!

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Ainsi l'expression "mourir à soi même" n’est autre qu’un véritable "abandon de soi spontané" dans cet Espace conscient que je suis à la Source. Cela ne veut pas dire pour moi devenir inconscient ou non-auto-conscient, mais le contraire: c'est vivre en toute conscience le moment présent. IL N'Y A QUE la conscience et c'est elle qui choisit et agit, ce n'est plus "moi". Cette conscience de l'instant présent est la seule qui nous donne véritablement un pouvoir décisionnel. Car elle n'est plus dépendante du temps et donc des "conditions de vie" que nous impose ce temps. Le choix naît alors de la réalité et non pas de nos fantasmes.

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L'amour inconditionnel au sens où je l'entends n'est pas humain mais il s'exprime (comme il peut !)à travers notre nature humaine. Chaque fois que je fais en sorte d'inviter dans ma vie cette énergie fondamentale de l'ÊTRE pour m'y abandonner, sans autre intention que de voir d'où elle surgit, je permets à cet amour inconditionnel, niché au coeur de moi même, de s'exprimer à MA façon, à travers le conditionnement de ma propre nature humaine, si imparfaite soit elle.

 

par Gérard Nannini

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