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Cette béance qui n'est qu'amour

par Catherine Harding

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J’ai reçu ce corps à la naissance, mais il tombe en ruine maintenant. Il faut changer des pièces, comme dans un contrôle technique. En fait, cela m’aide beaucoup, car je n’ai plus aucune identification avec ce corps ; il n’y a plus rien là de ce qui s’appelait Catherine : j’ai  été opérée  dans les pieds,  j’ai des hanches en métal, des épaules en métal,  des prothèses dentaires, il n’y a plus rien…Cela se détraque, une chose après l’autre (rires)…alors qu’au centre rien n’a changé, rien. Ce qui regarde le monde ne bouge pas.  Dans ce qui regarde en moi, rien ne change. Je suis retournée dans ma ville natale, Strasbourg, que j’ai quittée à sept ans, ce qui remonte à la guerre,  je regardais la rivière qui traverse Strasbourg, et j’ai constaté qu’il n’y avait rien de changé dans mon regard ; sept ans…maintenant…c’est pareil. Ce qui regarde en moi, n’a pas changé depuis que je regarde. Je mesure que rien ne change à l’intérieur de moi.

C’est d’ailleurs un problème, parce que parfois je me dis « bon je vais faire ceci ou cela » et boum, je ne peux plus. La carcasse, la bagnole ne suit pas (rires). Cette carcasse arrive bientôt au bout, elle va aller à la casse, et elle n’est plus à l’argus du tout, mais ce n’est que la carcasse…Et plus on vieillit, et plus on s’en aperçoit. Pour moi, le vieillissement quelque part  est très intéressant, et c’est un grand enseignement. Ce n’est pas grave, car le bonheur d’être ne change pas, sauf quand on a de grandes souffrances physiques. Mais même là, la Vision Sans Tête ça marche. Ce qui ne va pas dans ce corps c’est cette carcasse, mais moi ça va. Quand on applique cette vision, on est centré, eh bien, la douleur existe, mais elle est dehors,  un peu dehors; bien sûr cela dépend de son intensité, mais elle toujours un peu dehors. Cela permet de supporter beaucoup mieux, parce qu’on n’est pas atteint en plein centre.

Et ce que j’apprends aussi en vieillissant, c’est que j’étais quelqu’un de très actif, je faisais beaucoup de choses, et là j’apprends à simplement être, au lieu de faire. Je vois la différence entre faire plein de choses et être, être tout simplement, dans le silence, ; et cela est très intéressant aussi. Faire ou être, faire et être. Il y a la question de Hamlet : « être ou ne pas être telle est la question ? » Un livre de Douglas Harding porte ce titre : Être et ne pas être telle est la réponse. Et en fait c’est vrai.  Voilà, c’est pour redire encore une fois : ayez confiance car le retournement de 180° ça marche, pour rentrer chez soi, pour rentrer à la maison,  la maison étant ce que nous sommes vraiment, vraiment. C’est souverain quoi qu’il arrive. C’est un accès physique, qui passe par le corps, à ce que nous sommes : l’Être, la Conscience et la Joie, satchidananda. Pour moi, je l’appelle la paix. J’ai eu beaucoup de problèmes récemment, physiques, perte d’être chers, et j’aperçois qu’il suffit que je rentre en moi-même, comme nous allons le faire ce soir,  pour retrouver la PAIX, une sérénité, une joie profonde. La joie de l’être est donnée à tout le monde.

Je lis plein de livres et les trois quarts de livres spirituels, parlent de rencontrer un maitre, de tomber un samadhi…etc…tout le monde court après. Pour moi, ce n’est pas cela. C’est une perte de temps. Parce que vous n’avez à aller nulle part, vous y êtes déjà. On y est tout le temps. Il suffit d’en prendre conscience. Cela vous rend libre, vous permet de rester indépendant et de ne pas dépendre qu’un gourou quelconque…Pour moi, c’est un grand cadeau. C’est à la portée de tout le monde si on veut bien regarder. Certes de grands maitres nous l’ont dit aussi, mais je crois que Douglas est le seul qui ait donné cette clef physique, toute simple. On entend cette expression depuis 2000 ans : « Regardez à l’intérieur de vous ». Je me disais « Oui, je comprends, mais comment est-ce que je fais pour regarder à l’intérieur de moi » Pourtant c’est tout simple, grâce à ces exercices que Douglas a inventés.

Il faut beaucoup d’humilité, je crois, pour arriver à cela. Et ça aussi, la vieillesse, les problèmes physiques,  nous l’apprennent. Quand on est dans un état vraiment terrible, pire que mal, on dépend de tout le monde, l’orgueil d’être la petite personne…tout tombe. Et l’humilité est essentielle. La petite personne est très précieuse, le véhicule est précieux, mais on s’identifie à cela. Je réalise que Catherine est un nom qu’on m’a collé, ce corps c’est pareil avec ses qualités et ses défauts, on n’est pas responsable de tout cela ; ce n’est pas vraiment nous. Mais ce que nous sommes c’est ce qui est, ce qui regarde. On le voit dans le regard des enfants, cette béance qui n’est qu’accueil. Et c’est cela que nous sommes tout le temps et qu’il faut retrouver.  On a été recouvert par plein de conditionnements familiaux, national, etc..

Mais cela, la vision de soi, est une bénédiction : où qu’on soit, quelle que soit la couleur de notre peau, quel que soit l'endroit où nous sommes nés…rien ne nous empêche de faire ce retour et retrouver qui nous sommes vraiment."

Catherine Harding

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