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Vision Sans Tête
Cet article est dédié à Douglas Harding qui, 2000 ans plus tard, révéla à nouveau la voie du Visage caché.
LE VISAGE CACHÉ
Voici quatre passages de l’Evangile selon Thomas présentés en corrélation avec des extraits du livre de Douglas Harding : « Le Petit Livre de la Vie et de la Mort ». J’ai choisi ce livre en priorité eu égard à cette annonce dans le début de l’Evangile : « Celui qui découvrira le sens intérieur de ces paroles ne goûtera pas de la mort. »
Parmi les paroles retenues, les trois premières ont trait au Visage caché. J’en ai ajouté une quatrième en souvenir du commentaire que Douglas en a fait à Nacton à l’occasion de son anniversaire.
Le Visage caché est appelé « Visage originel » dans le bouddhisme Zen. Pour le découvrir, ce dernier propose la pratique d’un « Koan », art de résoudre, au delà du mental, un problème à priori impossible. Le voici : « Par delà le bien et le mal montre-moi quel était ton Visage avant la naissance de tes parents. »
Quelques années de souffrances plus tard, les genoux martyrisés par la posture, dans un monastère glacial, peut-être – dans le meilleur des cas – le chercheur « obtiendra-t-il » une vision fugitive.
Mais quel investissement, que de moyens mobilisés pour … un mètre à parcourir !
Il est vrai, cependant, que celui qui aura choisi cette voie « héroïque » sera à même d’apprécier la « bonne nouvelle » lorsqu’elle se présentera à lui. Voir à ce sujet « le moine de Tokyo » dans le n°0 de la revue.
Puissent les traditions occidentales intégrer à l’avenir (avec 2000 ans de retard !) la Voie du Visage caché, autrement dit de la Voie sans tête.
Jésus a dit :
« Connais ce qui est en présence de ton visage
et celui qui t’est caché te sera révélé ;
car il n’y a rien de caché qui n’apparaîtra pas. »
"(…) Au lieu d’ignorer le morceau de nourriture que ma fourchette vient d’embrocher, je l’accompagne dans son voyage d’environ un mètre, de mon assiette à cette Bouche immense, ici. Au cours d’un repas, j’ai ainsi l’occasion d’être reconduit gratuitement Chez Moi des dizaines de fois, et de même chaque fois que je me brosse les dents ou les cheveux."
"(…) Au lieu de prétendre que ces mains et ces bras occupés à faire la vaisselle sont actionnés ici par un laveur de vaisselle humain, je laisse mon regard glisser le long d’eux jusqu’au point où les deux bras disparaissent pour laisser apparaître ici l’absence de laveur de vaisselle, l’absence de qui que ce soit faisant quoi que ce soit. Entre parenthèses, je découvre qu’avec cette attitude fondée sur la réalité, il y a beaucoup moins de vaisselle cassée."
"(…) En fait, quoi que ces mains soient en train de faire, je fais du stop le long de la route à deux voies de leurs bras pour remonter jusqu’à l’Immensité où elle conduit visiblement et dont le savoir-faire et la dextérité suprêmes peuvent être vérifiés à tout instant."
"(…) Dans ma voiture, au lieu d’imaginer un conducteur humain ici, en train de foncer dans cette scène de vie-et-de-mort (la route devant moi), je me détends, ouvre tout grand mon angle de vision et accueille les poteaux télégraphiques, les arbres, les maisons, à mesure qu’ils arrivent de plus en plus vite pour se perdre ici dans l’Eternelle Immobilité. "
(pp 79 & 80)
COMMENTAIRE : Un mètre de franchi, surgit l’Immensité
Dans mon Visage caché repose l’Eternité.
Jésus a dit :
« Lorsque vous voyez ce qui n’est pas né de la femme
prosternez-vous sur votre Visage et adorez-le :
ce qui est là est votre Père. »
"(…) Maintenant, relâchez votre attention et laissez-la s’élargir des deux côtés simultanément. Et voyez comme, à mesure que votre champ de vision augmente, ce qu’il contient perd progressivement toutes distinctions, toute forme, toute couleur et finalement s’estompe et disparaît tout à fait dans Cela Qui regarde. Désignez « Cela » en pointant l’index de votre main libre vers vous. Et vérifiez que Cela ne contient rien qui pourrait être né ou mourir, rien, pas la moindre chose qui lui appartienne en propre." (p. 81)
"(…) Je m’arrêterai là, d’autant que j’ai abordé ailleurs ce sujet de l’ultime satisfaction-de-Soi, cet émerveillement essentiellement personnel qui est aussi adoration, vénération du totalement « autre ». "(Voir Renaître à l’Evidence, pp. 117 à 124)
COMMENTAIRE : « Visage Originel » ainsi le nomme-t-on
Celui que l’on avait bien avant ses parents.
Et ce Visage caché, inverse de l’apparent,
C’est le Visage du Père, immense et transparent.
Ils lui dirent :
« Dis-nous qui tu es afin que nous croyions en toi. »
Il leur dit :
« Vous sondez le visage du ciel et de la terre
mais Celui en votre présence vous ne le connaissez pas
et cette opportunité vous ne savez pas l’expérimenter. »
"(…) Quand je parle de l’Intemporel, je n’entends pas quelque centre obscur, un centre mystique, difficile d’accès, mais simplement MAINTENANT, ce moment ordinaire, inéluctable, où l’Eternel UN – qui n’est autre que la Première Personne du Singulier du Présent – est si manifestement visible." (p. 129)
COMMENTAIRE : Vers leur propre Visage, il les fit rechercher.
Mais c’est de croire en Lui qui les intéressait.
Jésus a dit :
« Il y en a beaucoup qui se tiennent à la porte
mais ce sont les monakhos (seul, simple, unique)
qui entreront dans le lieu du mariage. »
" (…) Le véritable et éternel « JE » est unique, prononcé non par une première personne mais LA Première Personne, par l’Unique, le Seul qui véritablement est, Le Seul habilité à dire JE SUIS. En fait, mon « je » terrestre n’est rien de plus qu’une commodité linguistique provisoire…(p.166)"
"(…) Je reste stupéfié devant cette Conscience qui d’une façon invraisemblable surgit du RIEN N’EST et du JE NE SUIS PAS qu’elle transforme en MOI SEUL JE SUIS et cela non pas quelque part au loin, ni il y a longtemps, ni une fois pour toutes, mais continuellement en ce moment même, ici même. "(p. 197)
"(…) L’Espace que je suis est toujours et absolument uni à son contenu. (p.202)"
COMMENTAIRE : Je suis tout seul au monde, c’est l’Immense Solitude.
Le dedans, le dehors, forment ma Plénitude.
Par Philippe de Suarez