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"Je suis crucifié avec le Christ, pourtant je vis,
Mais ce n’est plus moi, c’est Christ qui vit en moi."

Saint-Paul

 

Au cours des deux derniers millénaires, il s’est trouvé quelques rares chrétiens – je suis tenté de dire de vrais chrétiens – qui ont pris ces mots au sens littéral, et pas du tout figuré ou métaphorique. Des hommes et des femmes qui ont pris à cœur cette formidable déclaration de St Paul, qui se la sont appropriée et ont pratiqué ce qu’on peut appeler une mutation d’identité fondamentale, d’un moi superficiel, instable et par trop humain, à un Moi infiniment profond et immuablement divin. Des âmes douées et confiantes, qui ont pu dire avec St Paul : « Il a plu à Dieu, qui m’a séparé du sein de ma mère, de révéler son Fils en moi. » Des âmes heureuses, ayant le bonheur de posséder une grande foi, qui ont entrepris de prouver dans leur vie quotidienne la réalité de ce qu’ils avaient cru vrai.

Je suis un homme de peu de foi, un Thomas incrédule qui dit à St Paul : « Bien que mon vœu le plus cher soit de réaliser que Christ l’Homme-Dieu est ma vie, qu’Il est (ou pourrait devenir) beaucoup plus moi que le gars qui porte mon nom (manifestement bien loin de ressembler au Christ), je ne puis tout simplement pas le croire. La proposition est délirante, bien trop fantastique et flatteuse pour que l’on puisse y croire. Comment diable pourrais-je, moi qui ai toutes les raisons de me considérer comme une poussière éphémère perdue dans cet Univers de milliards de galaxies, comment pourrais-je contenir, ou même être identique à la Source, le Mystère Sous-jacent, l’Alpha et l’Oméga de tout ? Croire cette histoire à dormir debout simplement et uniquement parce que je l’ai lue dans un livre ou ai entendu quelqu’un la raconter, ou parce qu’il se trouve que le nom du conteur commence par St, cela me semble insensé – une façon absurde de prendre ses désirs pour la réalité – et une insulte envers cette Source ineffable. »

Aussi je dis à Paul : « Cela ne sert à rien de me le dire. Je croirai au Christ Qui est ma vie quand je Le verrai et Le sentirai vivant en moi, quand Il sera si manifestement en moi que je ne pourrai plus douter de Sa présence et de mon absence, de ma mutation d’identité de moi à Lui. »

Mais avant tout, je dois définir clairement Qui est Christ pour moi, ce que signifie pour moi ce titre si exalté, mais si chargé et si ambigu. Aussi vais-je dresser une liste de ce que je considère comme ses attributs essentiels, les traits caractéristiques que je devrais avoir si – merveille des merveilles ! – je devais échanger mon identité de Douglas Edison Harding contre la Sienne, être Lui et vivre Sa vie, à la manière de Paul, ou de quelque manière que ce soit.

Je l’appelle la Liste de Harding, car j’imagine que ce n’est pas forcément la vôtre, ou celle que choisirait un prêtre ou un théologien.

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  1. Don de Soi : La nature même du Christ est l’amour-don-de-Soi, au point de mourir pour que vous et moi puissions vivre.

  2. Crucifixion : Ce qui rend sa mort si spéciale, c’est sa forme. Il est Le Crucifié.

  3. Un Nouveau Corps : Désormais ressuscité des morts, Il prend un corps de résurrection radicalement transformé.

  4. Immortalité : C’est un corps éternel, immortel. Le Temps est en Lui, plutôt que l’inverse.

  5. Omniprésence : Loin d’être emprisonné ou exclusivement présent dans ce corps glorieux, Il est partout, libre.

  6. Centralité : Non seulement Il pénètre tout le Cosmos, mais tout le Cosmos procède de Lui et retourne à Lui qui est le Centre Unique de toutes choses.

  7. Inclusion : Et Il embrasse tout et tous les êtres : si insignifiants ou laids, misérables ou pécheurs soient-ils, Il les porte dans Son grand Cœur.

  8. Pureté : Pourtant, Il n’est pas contaminé, Il demeure serein, immaculé, parfait en tous points.

  9. Immobilité : Sa perfection inclut la paix et le calme absolus, et pourtant c’est de Son Immobilité que naît le mouvement de toutes choses.

  10. Omnipotence : En fait, Il est souverain. A long terme du moins, Sa volonté est faite.

  11. Omniscience : Etant toute sagesse, Il voit parfaitement au plus profond de tous les êtres. Il les connaît mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes.

  12. Dieu en l’Homme, l’Homme en Dieu : Et pourtant, malgré cette galaxie d’attributs transcendants, Il est autant Homme que Dieu, humain que divin.


Voilà la Liste de Harding.

 


Elle énonce ce que je ne suis pas mais devrais être si Christ vivait en moi et vivait ma vie. Voilà douze points sur lesquels je suis infiniment en deçà de Sa perfection aux multiples facettes. Douze points, et davantage, j’en suis sûr, alors qu’un seul d’entre eux aurait suffi pour m’exclure de la nature Christique !

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Comme j’ai eu raison de ne pas croire l’Apôtre et de demander à voir, de demander qu’on me montre que le Christ est, ou pourrait devenir, ma vie et mon être même. Et comme j’aurais tort maintenant de n’accepter ni l’un ni l’autre, de refuser de croire et refuser de regarder, tombant ainsi entre deux chaises dans le gouffre sombre de l’incrédulité aveugle. Non. Je dois faire l’un ou l’autre. Et je décide de REGARDER POUR VOIR, au cas où Paul aurait eu plus de raisons qu’il ne le pensait pour prononcer son affirmation stupéfiante. Simplement au cas où.

Ce que je vais donc faire maintenant, c’est dresser la Seconde Liste de Harding. Ce ne sera pas, cette fois, une description en douze points du Christ tel que je Le conçois comme une entité séparée, mais de moi-même tel que je me perçois ici, au Centre. Par moi-même, je n’entends pas cette vieille petite seconde ou troisième personne que je vois là-bas dans le miroir, mais la Personne très différente, la Première Personne qui est de ce côté-ci du miroir, Celle qui voit, au centre, ici. Et pour faciliter la comparaison, je vais combiner les deux listes – les attributs du Christ en italiques, les miens en tant que Première Personne en caractères ordinaires.

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Cette Carte reproduisant ce que je vois – depuis les corps célestes jusqu’aux corps terrestres, et ce que je vois de mon propre corps – devrait éclairer la comparaison.

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Don de Soi


La nature même du Christ est l’amour-don-de-soi, au point de mourir pour que vous et moi puissions vivre.
Ici, au centre de la Carte, je me perçois comme Espace Vide, Capacité pour accueillir tout ce qui se présente. N’ayant rien ici pour vous empêcher d’entrer, je disparais en votre faveur. En fait, je meurs pour vous. S’il restait une seule cellule ici, en ce lieu d’où je regarde, je survivrais. S’il restait une seule molécule, un seul atome, une seule particule ici, j’existerais. Mais il ne reste Rien. Votre apparition ici, dans tout son éclat et toute sa richesse de détails, exige et garantit ma disparition.

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Crucifixion


Ce qui rend sa mort si spéciale, c’est sa forme. Il est Le Crucifié.
Regardant droit devant moi, j’élève les bras à hauteur d’épaules et les étends jusqu’au point où ils ont presque disparu. Et je remarque comme ils sont différents des pauvres petits bras du gars qui est dans mon miroir, et de ceux de toutes les troisièmes personnes. Les miens embrassent le vaste monde, tout ce qui se présente en ce moment. Ma main gauche est plus éloignée de ma main droite que le lever de soleil du coucher de soleil, que l’Est de l’Ouest. Et ce n’est pas seulement ce geste d’accueil inconditionnel qui est cruciforme. Je découvre que je participe à la souffrance qui accompagne la crucifixion.

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Un Nouveau Corps


Désormais ressuscité des morts, Il prend un corps de résurrection radicalement transformé.
Je regarde ici pour voir quel genre de corps j’arbore réellement, la véritable forme de cette Première Personne oh-combien-Singulière, et les surprises s’accumulent. Non seulement mes bras sont plus vastes que le monde, mais je suis à l’envers et tourné dans le mauvais sens. A moins que je ne sois à l’endroit et tourné dans le bon sens, alors que les autres sont à l’envers et tournés dans le mauvais sens ? De toute manière, ils ont une paire d’yeux chacun, deux minuscules petits trous percés dans une boîte osseuse, alors que moi j’ai un Œil Unique sans cadre, pas du tout enfermé dans une boîte et au moins aussi vaste que le vaste monde qu’il enregistre. (Pour vérifier cela, il me suffit de chausser mes lunettes avec attention, pour voir que les deux verres se fondent en un seul Monocle. Comment pourrais-je jamais regarder avec autre chose que cela ?) En résumé, chaque instant de ma longue vie a été vécu dans et en tant que ce corps très spécial mais rarement remarqué. Je ne suis pas seulement différent, je suis le contraire de ce que je vous parais être.

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Immortalité


C’est un corps immortel, éternel. Le Temps est en Lui plutôt que l’inverse.
Tout a un commencement et une fin, y compris les apparences que j’ai de près et de loin. Mais en tant que la Réalité centrale qui leur donne naissance, je fais l’expérience du monde comme une succession, un défilé de choses en moi qui suis Absence totale de choses. En tant que tel, en tant que leur Contenant immaculé, je suis sans commencement ni fin, immuable, intemporel. Si j'ai le moindre doute, je n'ai qu'à consulter ma montre-bracelet. Normalement, elle m’indique l’heure qu’il est là dehors. Mais quand je l’amène jusqu’à mon Œil, elle me montre l’Absence de temps ici et disparaît elle-même au terme du voyage.

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Omniprésence


Loin d’être emprisonné ou exclusivement présent dans ce corps glorieux, Il est partout, libre.
Ici, en mon Centre, se trouve le Point d’où émergent ces bras immenses, et c’est aussi à partir de ce Point que je regarde. Mais si je le désigne maintenant du doigt, je ne le trouve pas. Il a explosé silencieusement aux dimensions de l’Infini. Le Centre du cercle cosmique a absorbé tous ses rayons. Autrement dit, je ne perçois aucune distance entre vous et moi, et si je place une règle entre votre œil et mon Œil, la distance se réduit à zéro. Et de la même façon l’étoile la plus lointaine coïncide avec moi-même, son observateur. Tout ce que je vois, je le vois ici. Cette Première Personne est omniprésente.

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Centralité


Non seulement Il pénètre tout le Cosmos, mais tout le Cosmos procède de Lui et retourne à Lui qui est le Centre Unique de toutes choses.
Je reprends la règle et avec elle je prolonge vers le bas les lignes perpendiculaires qui m’entourent – comme les montants des portes et les coins de la pièce. Et je découvre qu’elles convergent toutes vers moi et rayonnent toutes à partir de moi. Mon professeur de géométrie m’a dit que les parallèles se rejoignent à l’Infini. Il avait raison. Je suis cet Infini. Qui plus est, c’est l’Infini éveillé et conscient de Soi. C’est ici et nulle part ailleurs dans l’Univers que je trouve la Conscience qui donne vie et signification à toutes choses.

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Inclusion


Et Il embrasse tout et tous les êtres : si insignifiants ou laids, misérables ou pécheurs soient-ils, Il les porte dans Son grand Cœur.
La Vacuité ici est remarquablement accueillante. Rien ni personne n’est exclu. La vérité, c’est que je ne suis pas bien, pas vraiment dispos, pas complètement moi-même tant que je ne suis pas le Tout. Pas plus que l’Univers ne se porte bien tant que je m’obstine à le couper en deux, moi face à non-moi, un observateur face à un observé. Pour guérir cette cruelle blessure cosmique et savourer l’Univers tel qu’il est réellement, un Univers et non pas un Duovers, il faut que je sois ce que je suis – le tout et rien.

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Pureté


Pourtant Il n’est pas contaminé, Il demeure serein, immaculé, parfait en tous points.
Ce que je suis pour vous dépend de votre point de vue, et surtout de la distance à partir de laquelle vous m’observez. A une distance de quelques mètres, mon apparence est celle d’un homme. Si vous vous approchez de moi en vous équipant d’instruments optiques et électroniques, vous découvrez que l’homme se transforme en une communauté de choses vivantes appelées cellules, et chaque cellule en une communauté de choses non vivantes appelées molécules. Et ainsi de suite jusqu’aux atomes et particules – et puis… quoi ? Vous avez une histoire tout aussi curieuse à raconter si au lieu de vous approcher de moi, vous vous éloignez. Je prends alors toute une série d’apparences géographiques et astronomiques, comme l’indique notre Carte. Encore une fois, apparences de quoi ? Posez-moi la question et je vous répondrai : ce sont les apparences périphériques de cette Réalité Centrale que je suis à laquelle aucun être extérieur à moi ne peut accéder – cette Simplicité, cette Clarté. En tant que tel, en contraste flagrant avec toutes mes apparences variées et indispensables mais équivoques, je suis enfin nettoyé, clair. En tant que cette Première Personne, je suis la Pureté même.

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Immobilité


Sa perfection inclut la paix et le calme absolus, et pourtant c’est de Son Immobilité que naît le mouvement de toutes choses.
Si je puis trouver mille excuses pour ignorer le fait évident que je suis intrinsèquement pur, je ne peux en trouver aucune pour ignorer le fait également évident que je suis intrinsèquement immobile. Dans le train, au volant de ma voiture, ou lorsque je me promène, il me suffit simplement de voir ce que je vois au lieu de voir ce que je crois voir. Retrouvant l’usage de mes sens, cessant d’halluciner comme un fou, je cesse de nier que tout est en mouvement, depuis les montagnes et collines lointaines jusqu’aux poteaux télégraphiques au bord de la route, et que plus c’est proche de moi plus ça va vite – plus ça va vite en moi qui suis l’Immobilité centrale qui enveloppe tout le mouvement, l’Immuable qui meut le monde.

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Omnipotence


En fait Il est souverain. A long terme du moins, Sa volonté est faite.
Je découvre qu’en moi il y a deux volontés. L’une est celle de moi-même-seconde-et- troisième personne et l’autre celle de moi-même-Première-Personne. La première est prompte à dire NON à la moitié de ce qui m’arrive, tandis que la seconde dit finalement OUI, Ainsi Soit-Il, à tout. Pour une bonne raison : je vois qu’ici au Centre il ne me reste absolument rien pour barrer l'accès à quoi que ce soit et que je suis grand ouvert pour accueillir tout ce qui m’arrive. L’accepter est souvent atrocement difficile, évidemment. Mais concrètement, c’est la condition sine qua non pour trouver la seule paix valable. Ainsi, au bout du compte, le paradoxe est vrai : je n’ai pas de volonté et ma volonté est faite.

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Omniscience


Etant toute sagesse, Il voit parfaitement au plus profond de tous les êtres. Il les connaît mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes
De toute évidence, la Clarté que je vois que je suis ici, au Centre, n’est la propriété de personne. Elle n’a aucune surface sur laquelle on puisse coller une étiquette portant le nom de quelqu’un. C’est le Fondement Commun qui sous-tend et nourrit tous les êtres. Il s’ensuit que voir ma propre Clarté Intérieure c’est voir la vôtre, qui que vous soyez. En fait, me voir et me connaître réellement à ce niveau, ce n’est pas seulement vous voir et vous connaître, c’est être vous. Ici, en tant que Première Personne, je suis vous. Voilà ce qui s’appelle la véritable intimité. La dernière barrière est tombée.

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Dieu en l’Homme, l’Homme en Dieu


Et pourtant, malgré cette galaxie d’attributs transcendants, Il est autant Homme que Dieu, humain que divin.
Alors comment vais-je évaluer cette Première Personne du Singulier, quel statut vais-je accorder au modèle dont je viens de faire le portrait ? Elle a beaucoup de caractéristiques humaines – la forme de ses bras et de ses jambes, par exemple. Mais leurs dimensions et la façon dont au volant d’une voiture ils conduisent le monde, par exemple, sont des caractéristiques suprahumaines. Nous avons ici, en réalité, une connexion extrêmement intime entre l’humain et le divin, une apothéose élégante et efficace. En existe-t-il une autre plus logique, plus concrète, et qui ait plus de sens sur le plan théologique ? Voici la réponse (qui résiste à l’examen le plus rigoureux) à tous ces livres poussiéreux et vermoulus consacrés à la polémique compliquée, souvent amère et parfois meurtrière, au sujet de l’Homme qui est Dieu et du Dieu qui est Homme, et de comment les deux Natures peuvent s’unir et en même temps rester distinctes. Mais ce qui est encore plus important, c’est que nous avons ici une recette pour la vie quotidienne. Une recette qui nous permet de vivre une vie enfin humaine parce qu’elle est divine, et divine parce qu’elle est humaine – une vie centrée et non excentrique, basée sur ce que l’on est et non sur ce que l’on paraît être.

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Voici donc la liste des douze attributs du Christ tels que je les conçois, face à celle de mes propres attributs tels que je les perçois – mes attributs (je m’empresse de vous le rappeler) au Centre, en tant que Première Personne du Singulier, en contraste absolu avec ceux de ce gars excentrique et fort peu singulier appelé Harding.

Vous conviendrez, je pense, que ces listes correspondent assez bien. Pourquoi ? Il n’y a qu’une explication possible : parce que la véritable Première Personne du Singulier n’est nulle autre que le Christ immanent de Paul.

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La Carte m’a aidé à rester éveillé à cette réalité fabuleuse. J’ai dessiné ce que je voyais, et cela m’a instruit et j’ai été fasciné. Puis j’ai vu ce que j’avais dessiné, et j’ai été foudroyé. Je prie Dieu qu’Il ne me laisse jamais me remettre de ce choc, de cette vision. La seule chose qui compte, comme je m’approche de la fin de cette vie terrestre, c’est l’union avec ma source, ma mutation d’identité fondamentale de celui que je parais être à l’UN qui est à la fois autre que moi et plus moi que moi-même. Et je trouve que cette Carte qui représente cette mutation non seulement la favorise merveilleusement, mais équilibre et complète l’icône familière du Sauveur Crucifié donnant sa vie pour moi là dehors, en lui offrant en parallèle cette icône insolite représentant le Seigneur ressuscité et glorifié vivant ici même, au centre de moi.

Peut-être doutez-vous que Le Dieu immanent dont j’ai décrit les douze attributs soit Le Même que Celui auquel se sont consacrés les saints et sages chrétiens au cours des siècles. Eh bien, des centaines de textes confirment qu’Il est réellement L’Unique et Le Même pour eux et pour moi, comme pour vous, je l’espère. Je ne peux, hélas ! qu’en citer quelques-uns ici :

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St Siméon le Nouveau Théologien
Nous nous éveillons dans le corps du Christ comme Il s’éveille dans notre corps, et ma pauvre main est le Christ. Il pénètre mon pied et est infiniment moi. Je remue la main et, ô merveille !, c’est le Christ.


Maître Eckhart
Ce qui importe, c’est que la naissance du Christ se passe en moi. Découvrez cette naissance en vous, et vous ferez l’expérience du bien et du bien-être parfaits, du bonheur absolu, de l’être et de la vérité.

Dieu vous illumine de Sa Lumière et apporte avec Lui tout ce à quoi vous aviez renoncé et mille fois plus, avec, en outre, une nouvelle forme pour le contenir.

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Henri Suso
Il (Suso) demanda à l’un des princes lumineux du Ciel à quoi ressemblait la demeure secrète de Dieu dans l’âme… Il regarda alors au-dedans de lui-même et vit que son corps, au-dessus de son cœur, était aussi clair que le cristal.
Les Bienheureux sont dépouillés de leur initiative personnelle et reçoivent une autre forme, une autre gloire, un autre pouvoir.

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Ste Thérèse d’Avila
Si grand, si magnifique et spacieux que vous imaginiez ce château de l’âme, vous ne pouvez pas l’exagérer : sa capacité dépasse tout entendement et le Soleil au Centre illumine toutes les cours.

 

William Law
Vous ne pourrez jamais, ni ici ni ailleurs, trouver ou connaître Dieu par aucune preuve extérieure ni par quoi que ce soit sinon par Dieu Lui-même rendu manifeste et évident en vous-même.

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Je conclus avec l’affirmation catégorique de St Bernard de Clairvaux :
Nous sommes dans les ténèbres tant que nous marchons guidés par la foi et non par la vision.


POSTCRIPTUM

A ceux de mes lecteurs que le langage et l’a priori chrétiens de ce texte pourrait rebuter je ferai simplement remarquer que pas un des « Douze attributs du Christ qui vit en moi » ne m’a été révélé par la foi, chrétienne ou non-chrétienne. Au contraire, tout ceci est le fruit de mon manque de foi, de ma détermination totalement agnostique à regarder-pour-voir, à observer et expérimenter.

Alors, pourquoi ai-je relié ce fruit à une religion précise ?

Parce que je ne connais pas les autres assez bien pour affirmer comment et dans quelle mesure elles présentent les Douze attributs. Et je n’ai pas besoin de le savoir. L’important, c’est que la découverte de ces attributs en moi m’inspire à les exprimer, à les vivre d’une façon ou d’une autre. Ce qui m’est d’un grand secours, c’est le fait que mes propres racines les plus profondes plongent et trouvent leur nourriture dans les strates chrétiennes accumulées pendant deux millénaires, et qu’il se trouve que cette religion de mon pays natal inclut les Douze attributs.

Je soupçonne que mon Créateur prévoyait qu’il faudrait toutes ces preuves pour me persuader de mon union avec Lui, alors qu’une seule d’entre elles eut suffi à persuader n’importe quelle créature sensée. Quoi qu’il en soit, je Lui suis infiniment reconnaissant pour mes doutes à Son sujet, pour l’agnosticisme qui seul pouvait engendrer une telle gnose.

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William Blake écrivait : « O Miséricorde ! O Divine Humanité, O Clémence, O Pitié, O Compassion ! Si j’étais pur je ne T’aurais jamais connu. »

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À quoi j’ajoute : « Si j’avais cru en Toi je ne T’aurais jamais vu en moi, revêtu de ta splendeur à douze faces. Je ne T’aurais jamais vu du tout. »

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