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Résultats individuels du fait de voir sa vraie nature par Douglas Harding

Qu'est-ce que cette méditation terre à terre à deux sens peut avoir comme conséquences sur la personne, quels changements apporte-t-elle ? En d'autres mots, qu'est-ce que cela représente de commencer à vivre avec notre hypothèse, de la pratiquer et de laisser tomber le concept ?
Sans aucun doute l'histoire de chaque pratiquant est unique, et l'on doit attendre de nombreuses surprises.


Le récit qui suit, parce qu'il est fondé sur l'expérience d'un groupe d'amis limité (mais qui s’accroît rapidement) sur une simple décade environ (il fut écrit il y a 20 ans) est provisoire et incomplet et nécessite la vérification et les ajouts de tous ceux qui pensent que ce message vaut la peine d'être suivi et pratiqué.
Dans la mesure où l'on voit clairement et fermement dans sa Nature du Vide, dans ce qui est ici et maintenant, voici ce qui se passe.


Les sens s'éveillent.

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Les couleurs, les textures, les sons, les goûts, les odeurs, toutes les sensations ont tendance à revêtir une nouvelle brillance, vivacité, nouveauté, en contraste le plus marqué avec leur simple arrière-plan ici. Par exemple, il est courant (même chez quelqu'un qui commence tout juste à voir) de trouver les couleurs - comme par exemple celles des feux tricolores ainsi que les néons des villes la nuit, et leur reflet sur les trottoirs mouillés et dans la carrosserie des taxis - incroyablement lumineuses et belles.


Le coeur s'ouvre au monde.

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Plus je soigne la fraîcheur ici, plus la chaleur prend soin d'elle même là-bas. Ce n'est pas que je me sente plus aimant (mon amour se porte vers vous et ne peut être retenu ici) mais plutôt que vous êtes perçu comme étant plus aimable.
Mes sentiments, collants maintenant à leurs objets plutôt qu'à leur sujet (qui ne trouve ici rien auquel les accrocher) deviennent des sentiments vrais et spontanés, et plus des sentiments factices ou forcés, sentimentaux. Cette découverte s'étend à l'ensemble de l'existence.
Cessant de cultiver mes propres états d'esprit et de m'y vautrer - une habitude anxieuse, défaitiste et absurde - je suis enfin libre d'apprécier les gens et le monde juste comme ils se présentent, d'ici, leur Source Vide. En d'autres mots, mon esprit, avec toutes ses pensées et ses sentiments est centrifuge. Cessant d'être une possession personnelle, petite, localisée, privée, coupée de l'univers là et enfermée dans un crâne ici (comme s'il pouvait en être ainsi !) mon esprit se dilate à l'aise, un avec l'univers, soufflé (explosé ?). Le monde, vu de là, est toujours ce même vieux monde, et toutefois, totalement différent. Il est plein d'un esprit et d'une signification que je ne tiens plus séparés de lui. Tout est là, car je n'en revendique pas une part pour moi. Il est sain d'esprit. Il veut dire quelque chose pour moi. On l'aime.


L'esprit s'éveille.

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Les idées, l'inspiration, la protection, l'aide à chaque instant s'écoulent sans obstruction de leur Source, dont on peut faire l'expérience ici sans en prendre (y penser) conscience.
Paradoxalement, pour être vraiment créatif, pour comprendre vraiment les choses là, il faut avoir conscience d'être un idiot ici, tête vide, "sans la moindre idée", nul.


Les problèmes qui se présentent au quotidien se résolvent.

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Ceux ci vont de la recherche d'une place de parking à la décision d'une résidence, de la façon de se débarrasser des souris à la façon de s'accorder avec sa belle-mère. La réponse est de voir Qui a des problèmes. Alors, ceux-ci sont enlevés plutôt qu'abolis situés plutôt que résolus ; mais le fait de les situer est, en effet, leur solution. Ici, on est débarrassé de tous les problèmes. Tandis que l'on s'occupe de ses propres affaires ici, on remarque avec intérêt ce qui se passe là-bas, et ce que l'on est amené à faire à leur propos. Il se peut que le résultat soit surprenant, mystérieux, même choquant ou absurde, mais à long terme, il révèle une sagesse, une étrange prescience, bien au-delà des supputations humaines.


Lorsque enfin, égaré et épuisé, on a le bon sens de passer la main de son ordinateur humain, (qui ne prend en compte qu'une seule fraction des données à retenir) à son ordinateur universel, au Vide Lui-même (qui prend en compte toutes les données), les réponses qui apparaissent sont les bonnes.


Ce n'est pas l'homme, mais Celui qui vit dans l'homme, qui sait. C'est ce qu'il découvre lorsqu'il abandonne son Soi imaginé pour son Soi véritable. La réponse radicale à chaque problème, c'est de ne jamais perdre de vue ce Soi, quelles que soient les circonstances.


Quel que soit le problème là-bas, sa solution est ici, à 180° de lui : l'approche unidirectionnelle et directe, n'est jamais suffisante. Le problème de Persée, c'était Méduse. La regarder en face, c'était être transformé en pierre, c'est pourquoi il se retournait et la regardait indirectement, réfléchie dans le bouclier qui lui avait été donné par la déesse de la sagesse ; et il était sain et sauf. De la même façon le monde et ses visages cessent de me pétrifier en faisant de moi une simple troisième personne, un visage parmi les visages et une chose parmi les choses, après que je me sois tourné vers Ce Qui reflète si nettement le Monde ici.
Seulement la première personne, le Rien, peut se débrouiller avec les deuxième et troisième personnes, avec les choses.


L'inconscient est pris en charge.

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Seul le Non-esprit peut s'en sortir avec l'esprit conscient et inconscient. Un autre mythe ancien explique cela d'une belle manière. Un roi d'Orient envoya son fils en Egypte pour y trouver la Perle de la Connaissance de soi. Lorsqu'il fut arrivé, il mangea la nourriture et porta les vêtements des Egyptiens jusqu'à ce qu'il en fut drogué et oublia qui il était et pourquoi il était en Egypte. Son père, apprenant cela, envoya un oiseau messager pour lui rappeler sa mission et le Prince partit pour trouver la Perle.


En fin de compte, il apprit qu'elle reposait au fond d'un lac, gardée par un terrible serpent. Bravant le serpent, il plongea, s'empara de la Perle, et s'en retourna avec elle à la maison de son père, revêtant en chemin sa robe bleue - le firmament étoilé - Il faut remarquer que le Prince n'ignore pas ni ne relève non plus le défi du serpent (sa propre nature animale, inconsciente, démoniaque) mais la court-circuite.


Si l'on lutte avec le serpent (comme en discipline morale directe) il est toujours sur le point de céder, mais en fait, il ne cède jamais ; et si l'on se lie d'amitié avec le serpent et discute avec lui (ainsi que c'est le cas dans les nombreuses variétés d'exploration psychologique et d'analyse) il est ravi de soutenir le dialogue indéfiniment - et ce faisant, d'être assis confortablement sur la Perle. Mais si, comme notre héros, l'on se glisse près du serpent quand il est le moins attentif, et l'on saisit la perle, l'on est alors armé du parfait sortilège pour dompter les dragons. L'épée de la discipline ne fit que l'égratigner et le stimuler, les avances aimables ne firent que l'encourager à parler, mais il respecte le talisman de la connaissance de Soi. Celui-ci n'autorise pas qu'on ignore le serpent bien au contraire, il n'est pas réduit en une seule nuit à être un minou (en fait, il peut faire montre de violente colère à la perte de son joyau) mais il connaît son Maître, et sait comment le servir.


Prenons n'importe quel trouble (malaise) psychologique, grand ou petit, par exemple, son irritabilité, sa mesquinerie, sa peur des araignées ou des hauteurs, sa peur de n'être pas assez aimant. La guérison du trouble n'est pas de rentrer dedans en sortant de soi, ce n'est pas non plus de s'en retirer en entrant dans Soi, mais de lui faire face de Soi - de le regarder à l'intérieur d’ici, de le considérer consciemment de cette Maison-ci vierge de trouble (malaise) dont les fenêtres s'ouvrent larges et claires sur la scène troublée. Comme toujours, la solution se trouve dans le regard à deux directions VOIR simultanément ce que l'on est en train de regarder et ce à partir de quoi l'on est entrain de regarder, visage face à Non-visage, objet face à Non-objet, problème face à Non-problème. Cette thérapie marche car elle colle aux faits, car en vérité on ne peut jamais quitter la Maison, ni exclure la vue à partir de la Maison, ni les séparer.


On cesse de jouer à des jeux.

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La tactique principale dans tous les jeux tragi-comiques que l'on joue c'est de faire semblant de quitter la Maison, en se plaçant en imagination là-bas et se refermant sur soi-même mettant un visage ici, jouant quelque rôle particulier et revêtant son masque pour le profit du public. Et le principal remède consiste à se raccompagner à la Maison, et d'y vivre sans visage, de l'intérieur, pour exprimer et non pour impressionner. Ce que les gens pensent de nous alors est leur affaire ; notre propre affaire, c'est le Vide et les gens qui l'emplissent. Pour qu'ils vous considèrent comme une personne vraie, sincère, naturelle, sans artifice, il suffit de s'occuper du Rien qui est ici et de laisser toute cette construction, notre passage de cette Source Vide ici à ses effets secondaires chez eux, se faire tout seul.


S'intéresser à son image personnelle, c'est la gâter. Projeter un soi délibérément, c'est projeter un faux soi.


On est sans artifice (on ne joue plus ) lorsque l'on voit qui l'on est vraiment. Alors que si l'on oublie cela, on joue au moins le Jeu du Visage et sans doute également certains de ses dérivatifs.


On trouve la paix d'esprit.

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Au Centre toujours se trouve la perfection, en dehors du Centre, il y a toujours l'imperfection. L'homme en tant qu'homme est (c'est le moins que l'on puisse dire) incomplet et le fait de voir Qui il est vraiment ne transformera jamais un humain en ange, ou la scène humaine en Utopie, et encore bien moins en Paradis. Les effets du fait de voir, s'ils persistent deviendront sans aucun doute visibles dans sa personnalité et son environnement, mais ils varieront considérablement et lui apparaîtront souvent bien maigres.
On peut faire confiance à une seule chose, quelles que soient les circonstances, c'est leur Noyau de Paix. Il se peut que celui qui voit se trouve plongé dans un monde tragique, triste, surprenant et pénible, mais, tant qu'il voit, il conserve toujours sa paix d'esprit.
Son anxiété de fond a disparu. Voyant qu'il est en fait la Paix incarnée (la Paix Elle-même) il est sans inquiétude.

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DOUGLAS HARDING.


Cet article est tiré de "La boite à outils pour tester l'incroyable hypothèse" publiée (100 exemplaires seulement) par D.E. Harding en 1972.

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